Rick Haworth Dans Le Média

"À La Guitare, Rick Haworth," de Chansons D'Aujourd'hui, Avril 1989. Français Anglais
"Son truc à lui, c'est la guitare," de Le Soleil, 19 Juillet 1998. Français Anglais
"Rick Haworth Guitariste" de Voir, 10 Septembre 1998. Français Anglais
"Les TRUCS du métier avec Rick Haworth" de Paroles & Musique, Octobre 1998. Français Anglais
"Légaré et Haworth: le show le plus drôle" de Le Journal de Québec, le vendredi 14 juillet 2000
"RICK HAWORTH-MARIO LÉGARÉ: À la bonne franquette des <<pros>>" de Le Soleil, le vendredi 14 juillet 2000


À LA GUITARE, RICK HAWORTH

Il y a quelques années, le nom de Rick Haworth aurait d'abord évoqué la musique country. En effet, cet adepte de la "pedal steel guitar" a joué sur presque sous étiquette Bonanza. Aujourd'hui, on l'identifie plutôt à deux gros canons de la chanson pop-rock québécoise: Michel Rivard et Paul Piché. Mais, au-delà de toutes catégorisation, Haworth est avant tout un guitariste amoureux de son instrument.

Petite mise au point: Haworth ne se prononce pas "Heyworth" mais bien avec un "a" ouvert, comme dans "A-Ha." Vous pouvez le vérifier en écoutant la rigolote présentation des musiciens sur l'album double de Michel Rivard Bonsoir…Mon nom est Michel Rivard et voici mon album double (1985), lui, qui a toujours travaillé avec d'excellents musiciens. Pourquoi inviter Rick Haworth en entrevue à Chansons D'Aujourd'hui? Oublier que c'est parce qu'il est un anglo de NDG qui trippe québécois. Vous n'y êtes pas du tout. Ben non, c'est que, voyez-vous, ça fait un bout de temps qu'on le voit aller et qu'on l'écoute et qu'il se retrouve parmi une belle brochettes de musiciens talentueux de chez nous. Lisez Paul Piché au générique de Sur le chemin des incendies, alors qu'il souligne l'importante contribution de M. Haworth: "qui, sans rien enlever à la qualité et à l'implication des autres musiciens, fut avec ses guitares le moteur de cet album."

Rick, lui, sourit un peu surpris et visiblement flatté de l'attention qu'on lui porte, mais au demeurant il est de nature modeste: "Tu sais, je parle beaucoup durant les répétitions et les enregistrements" (il éclate de rire, puis continue). "De plus, Paul est très ouvert aux suggestions des musiciens, il en résulte parfois des changements importants au niveau des arrangements d'une chanson et Paul a la générosité d'en donner crédit à qui de droit. Toutefois, ça fait partie du travail d'un musicien d'apporter ses idées, surtout qu'on est tous des chums avec un esprit de groupe. On a pas la mentalité de musiciens strictement 'engagés pour la gig'."

Rick s'exprime dans un français très québécois, mais sa langue est celle des musiciens tout court, même s'il privilégie sa relation avec des musiciens d'ici. Comme Jean Millaire, "le guitariste le plus concis que je connaisse," Bill Beaudoin, "avec qui j'aimerais vraiment beaucoup travailler," Christian Péloquin, "il m'a montré où placer mes doigts sur ma première guitare," et Marie Bernard, "la précision de ses idées et son ouverture d'esprit m'étonneront toujours. Elle me fait réaliser ce que je crois impensable musicalement."

Excellent joueur de guitare "pedal steel", Rick Haworth avait beaucoup fait de musique country, notamment avec Steve Faulkner (Cassonade), lorsqu'il vit Michel Rivard sur scène pour la première fois. "C'était au El Casino avec le FlyBin Band. Je n'en revenais pas de ce groupe. Les gars étaient absolument renversants et, à partir de ce moment, tout ce dont j'ai rêvé, c'était de faire partie de ce groupe. C'est un ami du groupe Aquarelle, Stéphane Morency, qui me présenta à Michel après un spectacle à l'Outremont et celui-ci aima l'idée d'avoir un guitariste qui puisse jouer aussi sur la steel." Le FlyBin Band était excellent, nous en conviendrons tous, mais l'incarnation suivante du groupe accompagnant Rivard n'était pas piquée des vers non plus: avec Rick, on retrouvait Michel Hinton aux claviers, Réal Desrosiers à la batterie, Mario Légaré à la basse et Daniel Jean au violon et aux voix. C'est ce même groupe qui en vint à travailler simultanément avec Paul Piché, soit pour des spectacles distincts ou encore conjoints, durant les fameuses tournées Rivard-Piché.

Ce qu'on ressent le plus en bavardant musique avec Rick Haworth? Sa passion bien sûr, mais aussi sa modestie, allant de pair avec l'immense respect qu'il a pour ses confrères de travail. À la blague, mais avec tout de même un fond de sérieux, il dira: "Ma plus importante contribution à la musique québécoise, c'est quand j'ai laissé Corbeau à ses tout débuts pour laisser la place à Jean Millaire." Il est comme ça: un grand joueur d'équipe. Et il le fait sans fausse modestie, croyez-le. "J'aime jouer. Autant avec Paul dans les grandes salles qu'avec Three O'Clock Train au Station 10 à Montréal, à faire du rock and roll. Deux situations bien différentes, mais je les aime toutes les deux pour ce qu'elles m'apportent de différent. C'est le fun, durant la dernière année, j'ai fait des sessions d'enregistrement pour de jeunes groupes anglo-montréalais classés plutôt alternatifs: les Hodads et les Asexuals. On se connaissait peu, mais j'ai adoré l'expérience. Ils ont cette flamme que je ne voudrai jamais perdre."

Denis Grondin

article paru dans la revue Chansons d'aujourd'hui, Avril 1989, Vol.12 No.2, pages 18 et 19
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ON GUITAR, RICK HAWORTH

A few years ago, the name Rick Haworth would have immediately evoked thoughts of country music. Indeed, this expert of the "pedal steel guitar" played on nearly every release under the Bonanza label. Today, however, one identifies him with two major forces of Québecois pop-rock chanson: Michel Rivard and Paul Piché. But, beyond categorization, Haworth is above all a guitarist in love with his instrument.

Here is a small clarification: Haworth doesn't pronounce his name "Heyworth." It's with an open "a," as in "A-Ha." You can verify this by listening to the humorous presentation of the musicians on Michel Rivard's double album, Bonsoir . . . Mon nom est Michel Rivard et voici mon album double (1985), a performer that always works with excellent musicians. Why invite Rick Haworth for an interview with Chansons D'Aujourd'hui? Forget it if you think it is because he is an anglo from Notre-Dame-de-Grâce on a Québecois trip. You are not right at all. Absolutely not; it is when you see and listen to him time and time again among an excellent assortment of talented musicians that you can understand. Read what Paul Piché said in the liner notes of Sur le chemin des incendies, where he highlights the important contribution of Mr. Haworth: " . . . who, without meaning to downplay the work of the other musicians, with his guitar was the backbone of this album."

Rick smiles, visibly a little surprised and flattered from the attention that people pay him, but remaining modest as is his nature: "You know, I speak a lot during rehearsals and and recording sessions," (he explodes with laughter, before continuing). "Besides, Paul is very open to suggestions from the musicians, resulting at times in important changes in the arrangement of a song, and Paul has the generosity to give credit for it, as is his right. However, that makes part of a musician's work sharing his ideas, especially if they are all buddies with a team spirit. There doesn't have to be a mentality of musicians strictly 'hired for the gig'."

Rick expresses himself in a very Québecois French, but his language is very much that of musicians, something unexplainable between himself and other musicians. About Jean Millaire: "the most concise guitarist that I know," Bill Beaudoin, "with him I would like to really work with a lot," Christian Péloquin, "he showed me to where to place my fingers on my first guitar," and Marie Bernard, "the precision of her ideas and her open-mindedness will always astonish me. She makes me achieve musically what I believe to be unthinkable."

An excellent "pedal steel" guitarist, Rick Haworth had played a lot of country music, notably with Steve Faulkner (Cassonade), when he joined Michel Rivard on stage for the first time. "It was at the El Casino with the FlyBin Band. I didn't come back from this band. These boys were absolutely astounding and, from that moment, everything of which I dreamed was to become a part of that band. It was a friend from the band Aquarelle, Stéphane Morency, that presented me to Michel after a concert at the Outremont, and Michel liked the idea to have a guitarist who can also play on the steel." The FlyBin Band was excellent, we all agree, but the following incarnation of the group accompanying Rivard was not pricked of verses no more: with Rick, one recovered Michel Hinton on keyboards, Réal Desrosiers on drums, Mario, Légaré on bass and Daniel Jean on violin and vocals. It is this same band that ended up working simultaneously with Paul Piché, either for separate or even conjoined shows, during the famous tour, Rivard-Piché.

What does one feel most of all while chatting about music with Rick Haworth? His passion of course, but also his modesty, equally combined with the immense respect that he has for his colleagues. Jokingly, but all the same with an underlying seriousness, he says: "My most important contribution to Québecois music, was when I led the band Corbeau from its beginnings to make room for Jean Millaire." He is like that: a team's major player. And believe it, he does it without false modesty. "I like to play. As much with Paul in the big theatres as with Three O'Clock Train at the Station 10 in Montreal, making rock and roll. Two very different situations, but I like them both because they bring out different sides of me. It is fun, like when last year I did sessions with rather young anglo-Montrealer bands classified as alternative: the Hodads and the Asexuals. I did not know much about it, but I loved the experience. They have this flame that I would never want to lose."

Dennis Grondin

article appeared in Chansons D'Aujourd'hui, April 1989, Vol.12 No.2, pages 18 and 19

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Son truc à lui, c'est la guitare

Quel est l'artiste qui a joué le plus souvent au Festival d'été et au Spectrum de Montréal? Richard Séguin? Paul Piché? Charlebois? Vous n'y êtes pas du tout! Le détenteur de ce record passe inaperçu dans la rue et quand il se retrouve sur scène, jamais il n'adresse la parole au public. Effacé et efficace, son truc à lui, c'est la guitare. Rick Haworth, ça vous dit quelque chose?

Il accompagne Michel Rivard, Paul Piché, Daniel Bélanger, Zachary Richard, Isabelle Boulay, Rudy Caya, Sylvie Paquette, Kevin Parent, Carole Laure. Mais il dit qu'il en connaît des «mille fois meilleur» que lui qui ne jouent pas. Une fois qu'il en a terminé avec un album, il est incapable de l'écouter. À jamais! «C'est l'horreur, confie-t-il. Je n'entends que les défauts.»

Rick Haworth est sans doute l'une des personnes les plus chouettes du milieu. Ce n'est pas pour rien qu'on se l'arrache! Dans une roulotte qui sert de loge, à côté de la scène du parlement, il se raconte simplement, sans cacher son étonnement qu'une journaliste s'intéresse à son cas. Il n'est pas pressé. Il sourit tout le temps. Il ignore sans doute à quel point sa présence est apaisante dans l'agitation d'un festival.

Il a 43 ans. Né dans l'Ouest de Montréal. Élevé dans un milieu anglophone. Il pouvait tout juste «commander un hot-dog en français». Dès qu'il a obtenu son permis de conduire, il s'est mis à frayer avec les gens de l'Est. À 19 ans, il a rencontré sa femme. Une francophone. Le professeur idéal.

Son père jouait en amateur de la guitare, du piano et du banjo. «Il m'a toujours secondé dans ma vocation artistique, mentionne le guitariste. Mais il a insisté pour que je termine mon bac en communication.» Les seuls cours de guitare qu'il a suivis furent «désastreux». «J'étais lâche, je ne répétais pas, poursuit-il. Mon prof m'a laissé passer parce qu'il savait que j'avais besoin de ces crédits.» Rick Haworth ne lit pas la musique.

Après l'université, il a fait le circuit des bars. Son style? Le country-rock. En 1977, première incursion dans le milieu professionnel. Il a joué dans Cassonade, le premier disque solo de Stephen Faulkner. Puis il a assisté à un spectacle de Michel Rivard. «Il faut que je joue avec lui», ambitionnait-il. Il est arrivé à ses fins, puisque Rivard a fait appel à lui pour De Longueuil à Berlin. «Son meilleur album», estime Haworth.

De son point de vue, son premier spectacle avec Michel Rivard a viré au cauchemar. «J'ai pété une corde, les tounes étaient dures à jouer, relate-t-il. Peu après, Michel s'est éloigné de la musique pour faire plus de théâtre. Je pensais que c'était ma faute!» Ces deux-là, c'est à la vie à la mort, semble-t-il. Ils travaillent ensemble depuis 22 ans.

Rick Haworth a réalisé plusieurs albums au cours des deux dernières années. Sa «première réalisation sérieuse»? Quatre saisons dans le désordre, de Daniel Bélanger. Oser, de Sylvie Paquette, c'est lui. Le premier album solo de Rudy Caya, encore lui. «La réalisation, c'est un peu malsain, dit-il. Tu travailles 16 heures par jour, six-sept jours par semaine. Quand je rentre chez moi, ma blonde me vouvoie.»

Il prétend que tous les musiciens ont l'ego un peu enflé. Même lui! «Je suis rendu digital: j'ai mon site Internet!» lance-t-il, faussement vaniteux. Alors quand il sent que sa tête ne passe plus dans la porte, il retourne à ses guitaristes préférés, Ry Cooder, Richard Thompson, ou David Lindley. «Lindley est celui qui m'a le plus guidé dans mon évolution et dans la découverte de mon propre son», mentionne-t-il.

Rick Haworth possède une vingtaine de guitares, des usagées pour la plupart, qu'il achète, échange, revend, très souvent à Jeff Smallwood. Mais il revient toujours à sa bonne vieille Fender Telecaster, qu'il utilise «90% du temps». La guitare ne fait pas le guitariste et ne lui donne pas les éclairs de génie essentiels à sa progression. «La peur de ne plus avoir d'idées, tous les musiciens angoissent avec ça», laisse tomber Haworth. Alors comme il n'a nullement l'intention d'avoir un jour un album à son nom, il multiplie les collaborations. C'est ainsi qu'il arrive à se renouveler.

Article par Michèle Laferrière
Le Soleil 19 Juillet 1998

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His thing is the guitar

Who is the artist who has played the most often at the Festival d'été and at the Spectrum de Montréal? Richard Séguin? Paul Piché? Charlebois? If you guessed any of these names, you're wrong! The person who holds the record inconspicuously walks down the street and when he is on stage, he is never addresses the public. Unobtrusive and effective, his thing is the guitar. Rick Haworth -- does that mean anything to you?

He accompanies Michel Rivard, Paul Picé, Daniel Bélanger, Zachary Richard, Isabelle Boulay, Rudy Caya, Sylvie Paquette, Kevin Parent, Carole Laure. But he says that he knows the guitar "a thousand times better" than he who does not play. When he is finished working on an album he is incapable of listening to it. Forever! "It's horrific," he confides. "I only hear the shortcomings."

Rick Haworth is without doubt one of coolest guys in the business. That is why everybody wants to work with him. In the middle of a trailer that acts as a stall, next to the Parliament stage, he does not hide his astonishment that a journalist would be interested in talking to him. He is not hurried. He smiles all the time. He probably does not even realize how much his presence is soothing the agitation of the festival.

He is 43 years old. Born in western Montréal. Educated in Anglophone society. He was just able to "order a hot-dog in French." As soon as he got his driver's license he started socializing in the Eastern part of the city. At 19 he met his wife. A francophone. The ideal teacher.

His father played guitar, piano, and the bano as an amateur. "He always assisted me in my artistic vocation," the guitarist mentions. "But he insisted that I finish my degree in communications." The only guitar courses that he pursued were "disasterous. I was loose, I didn't repeat. My prof let me pass because he knew I needed the credits." Rick Haworth does not read music.

After university he started on the bar circuit. His style? Country-rock. In 1977, he made his first excursion into a professional environment. He played on Cassonade, the first solo disc by Stephen Faulkner. Then he attended a concert by Michel Rivard. "I knew I had to play with him," and so he kept after him. He arrived at his goal, as Rivard called on him for De Longueuil à Berlin "His better album," Haworth estimates. Form his point of view, his first show with Rivard turned into a nightmare. "I broke a string, the songs were hard to play," he recalls. "Shortly afterwards, Michel moved away from music to go into theatre. I thought that was because of me!" For these two, it appears to be unto death do they part. They have worked together for 22 years.

Rick Haworth has produced several albums over the last two years. His first "serious production work?" Quatre Saisons dans le Désordre by Daniel Bélanger. Oser, by Sylvie Paquette, that's him. The first solo album by Rudy Caya, that is him once again. "Production work is a little unhealthy," he says. "You work each day for 16 hours, six or seven days a week. When I get home, my sweetheart lets me have it."

He pretends that all musicians have a little bit of a swollen ego. Even him! "I have been made into digital form: I have my Internet site!" he gushes with false conceit. When he feels his head will not fit through the door anymore, he listens to his favorite guitarists: Ry Cooder, Richard Thompson, or David Lindley. "Lindley is the one who has guided the discovery and evolution of my sound the most," he says.

Rick Haworth owns about twenty guitars, mostly used, which he buys, echanges, and resells very often with Jeff Smallwood. But he always comes back to his good old Fender Telecaster, which he uses "90 per cent of the time." The guitar does not make the guitarist, and does not provide the essence of lightening strokes of genius. "The fear is not having ideas. All musicians anguish over that," Haworth drops. And since he has no intention to one day have an album with his own name on it, he continues to make collaborations. That is how he manages to keep on going.

Article by Michèle Laferrière
Le Soleil July 19, 1998

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Rick Haworth Guitariste

Rick Haworth, un des guitaristes les plus connus, sinon LE plus connu, au Québec, dans les métiers de l'ombre? Oui. Parce que même s'il est plutôt omniprésent, on ne le connaît pas vraiment. On l'a vu je ne sais même plus combien de fois sur scène, mais on ne lui avait jamais parlé. En fait, la liste des gens avec qui il n'a pas travaillé, au Québec, serait probablement plus courte que celle de ceux avec qui il a collaboré. En vrac, il a joué avec: Michel Rivard, Paul Piché, Daniel Bélanger, Sylvie Paquette, Carole Laure, Kevin Parent, Isabelle Boulay, Zachary Richard, etc. À un moment donné, on le voyait tellement qu'on avait l'impression qu'il avait le don d'ubiquité. On le voyait tellement que Possession Simple avait inscrit dans la liste des crédits d'un de ses albums: «Rick Haworth: n'a pas joué sur cet album.»

S'il est partout, c'est probablement que Rick est un vrai fan de musique. Avec lui, j'ai autant parlé des Chemical Brothers que du Grand Ole Opry. Haworth ne fait pas que jouer de la musique. Il en écoute aussi énormément. Comme très peu de musiciens. S'il est partout, c'est probablement que Rick adore jouer. «Je me dis que j'ai trois personnes à satisfaire. D'abord, je dois satisfaire l'artiste avec lequel je travaille. C'est la personne la plus importante. Ensuite, je dois me satisfaire, moi. Puis, je dois également faire plaisir au public.» N'allez cependant pas croire que vous êtes les derniers sur la liste de Rick. Parce que satisfaire l'artiste avec lequel il travaille est relativement facile. «S'il m'appelle, moi, c'est qu'il sait ce que je peux lui apporter.»

Cela dit, comme tous les pigistes, la plus grande crainte de Rick est que le téléphone ne sonne plus. Même s'il a cultivé au fil des années des amitiés artistiques (on n'imagine mal Rivard ou Bélanger sans Haworth), cette angoisse du téléphone qui ne sonne plus est toujours présente.»C'est pour ça que si l'on m'appelle pour aller jouer avec quelqu'un comme Céline Dion, je serai d'abord et avant tout ravi, parce que le téléphone aura auparavant sonné. Quant à savoir si j'irai ou pas, c'est une autre histoire qui mérite vraiment réflexion. Parce que je sais que la musique qu'elle fait n'est pas vraiment celle dans laquelle je suis le meilleur.»

Si le téléphone ne dérougit pas (pendant l'entrevue, un producteur est entré dans le resto et lui a demandé s'il avait du temps libre...), Rick se trouve aussi chanceux de ne pas avoir à beaucoup jouer ce que d'autres ont créé avant lui. Ce qu'il joue, la plupart du temps, ce sont ses partitions à lui, même s'il «n'a pas la discipline pour être un compositeur.» C'est aussi pour ça qu'on ne le voit pas beaucoup à la télé comme musicien engagé. «Je ne suis pas bon là-dedans.» Ça fera au moins une chose dans laquelle il n'est pas bon...

Par Laurent Saulnier
Voir, 10 Septembre 1998

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Rick Haworth Guitarist

Rick Haworth, one of the best-known guitarists, if not the best-known, in Quebec, is really a shadowed figure. Yes. Because even though he is rather omnipresent, he is not really known. I do not know how many times I have seen him on stage, but never spoken to him. In fact, the list of people with whom he has not worked, in Quebec, would probably be shorter than the list of artists with whom he has collaborated. In total, he has played with: Michel Rivard, Paul Piché, Daniel Bélanger, Sylvie Paquette, Carole Laure, Kevin Parent, Isabelle Boulay, Zachary Richard, etc. One can see so much of him at any one time that he gives the impression of having the gift of ubiquity. He is around so much that Simple Possession mentioned on its list of credits on one of its albums: "Rick Haworth: did not play on this album."

If he is everywhere, it is probably because Rick Haworth is a true fan of music. I spoke with him as much about the Chemical Brothers as of Grand Old Opry. Haworth does not only play the music. He also listens to a great extent. As very few musicians do. If he is everywhere, it is probably because Rick adores to play. "I think that I have three people to satisfy. Initially, I must satisfy the artist with whom I work. That is the most significant person. Then, I must be satisfied with me. Then, I must also give pleasure to the public." However, do not believe that you are the last on Rick's list. It is relatively easy for him to satisfy the artist with whom he works. "If he calls me, it is because he knows what I can bring to him."

That said, like all freelance journalists, the greatest fear of Rick is that the telephone will stop ringing. Even after cultivating artistic friendships over the years (it is hard to imagine Rivard or Bélanger without Haworth), this anguish over the telephone not ringing is always present. "It is only that if I am invited to go out and play with somebody like Céline Dion, I will be initially very delighted, because the telephone will have rang. As for knowing whether or not I will go, that is another story which needs a lot of thought. I know that the music she makes is not really the kind in which I am the best."

If the telephone didn't ring (during the interview, a producer entered the restaurant and asked him whether he had spare time . . .), Rick is also lucky not to have to play around much with what others have created before him. What he plays, most of the time, are his own arrangements, even if he "does not have the discipline to be a type-setter." It is also for that that one does not see him much on the television as a committed musician. "I am not good at it." That would make at least one thing in which he is not good . . .

By Laurent Saulnier
Voir, September 10, 1998

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Les TRUCS du métier avec Rick Haworth

Ce mois-ci: Le rôle du réalisateur dans le processus de production d'un disque avec Rick Haworth

Dès la fin des années 70, Rick Haworth s'est bâti une solide réputation de guitariste. Il a ensuite gagné ses galons à titre de réalisateur de disques, oeuvrant aux côtés, notamment, de Daniel Bélanger, Michel Rivard, Kevin Parent et Sylvie Paquette. Cet automne, il sera en tournée avec Rivard et Isabelle Boulay.

Dans le processus de production d'un disque, à quoi sert le réalisateur?

L'artiste qui cherche un réalisateur doit bien cerner ses besoins: veut-il un spécialiste des arrangements? Un bon coach pour les pistes vocales? Entrer en contact avec d'autres musiciens? Il faut chercher les qualités qui nous font défaut. Le rôle du réalisateur, c'est de développer chaque chanson à son meilleur tout en prenant en considération les goûts de l'artiste.

Quand le réalisateur entre-t-il en scène?

Les plus souvent, c'est au moment où l'artiste sous contrat entre en pré-production pour son album. Il y a a deux sortes de réalisateurs: le réalisateur-ingénieur, qui supervise l'aspect technique, le mixage, et l'arrangeur-réalisateur, qui se penche plus sur l'oeuvre musicale, qui établit un contact plus personnel avec l'artiste. Tout se termine au mastering.

Comment un artiste peut-il marier ses aptitudes avec celles du réalisateur?

C'est une question de choix, de chimie. Un artiste qui a besoin de soutien pour améliorer ses arrangements a tout intérêt à travailler avec un réalisateur ferré en arragements. L'artiste qui se reconnaît dans le son de l'album d'un autre artiste, aurait intérêt à aller vers ce réalisateur. C'est à ce dernier de voir ensuite s'il ressent bien cette musique. Une artiste qui a déjà un son et des arrangements bien définis, devrait plutôt aller voir un réalisateur-ingénieur.

Comment savoir si on est tombé sur le bon réalisateur?

Quand un réalisateur rencontre un artiste, il essai de savoir quel genre de musique il aime, si l'artiste lui parle de disques qui ne lui disent rien, ou qu'il possède un style musical qu'il ne connaît pas très bien, il va lui suggérer de trouver quelqu'un d'autre. Il faut s'assurer qu'on partage les mêmes sources. C'est une question d'affinités, car l'artiste et le réalisateur vont passer énormément d'heures ensemble.

Combien de temps peut prendre la réalisation d'un album?

Tout varie. Disons qu'en moyenne, un réalisateur va travailler trois mois à temps plein sur un album, à raison de 10 à 12 heures par jour, six jours par semaine.

Quel est le rôle du studio dans la production d'un album?

Le réalisateur choisit souvent le studio. Il veut s'assurer d'un certain rendement, de l'équipement disponible. C'est une question d'atmosphère et d'espace, de bonnes vibrations.

Qui choisit, engage et paie le réalisateur?

Un nouvel artiste qui vient de signer avec une compagnie va se voir suggérer deux ou trois noms, mais le plus souvent, c'est l'artiste qui a le dernier mot, car le salaire de réalisateur est proportionnel au budget de l'album, et c'est lui qui paie en bout de ligne. Mais il y a aussi des artistes, surtout au début de leur carrière, qui se verront imposer un réalisateur qui établira leur style.

Que penser des artistes qui réalisent leurs propres albums?

Un artiste établi peut posséder une vision plus pure de ce qu'il désire . . . mais il risque de se limiter à enregistrer un album seulement à tous le trois ou quatre ans. Il y a a aussi le risque du syndrome du microscope, où l'artiste, enfermé dans sa bulle, peut perdre la vision globale de son produit. Il peut avoir besoin d'un directeur artistique pour obtenir l'opinion d'une oreille extérieure.

-Propos recueillis par Sylvain-Claude Filion
Paroles et Musique
Octobre 1998 Vol. 5, #9

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Tricks of the Trade with Rick Haworth

This month: The role of the producer in the production of a CD with Rick Haworth

By the end of the 1970's, Rick Haworth had a built a solid reputation as a guitarist. He then went on to producing albums alongside many artists, most notably Daniel Bélanger, Michel Rivard, Kevin Parent and Sylvie Paquette. This autumn he will be on tour with Michel Rivard and and Isabelle Boulay.

What is the role of the producer in the production of an album?

The artist who looks for a producer must determine his needs well: does he want a specialist in arrangements? A good coach for the vocal tracks? To come into contact with other musicians? It is necessary to seek qualities which are missing to us. The role of the producer is to develop each song to its best while taking into account the tastes of the artist.

When does the producer enter the scene?

Most often, it is at the time when the artist under contract starts pre-production for his album. There are two kinds of producers: the producer-engineer who supervises the technical aspect, the mixing; and the arranger-producer who leans more on musical work, which establishes a more personal contact with the artist. All finish with the mastering.

How can an artist marry his aptitudes with those of the producer?

It is a question of choice, of chemistry. An artist who needs support to improve his arrangements may find it beneficial to work with a producer well-versed in arrangements. The artist who recognizes himself in the sound of the work of another artist, would be interested to go with this producer. He would then have to see if the producer has a good feel for the music. An artist who already has well-defined sound and arrangements should go with a producer-engineer.

How does someone know if they found a good producer?

When a producer meets an artist, the artist should check to find out which kind of music the producer likes. If the artist speaks to him about albums which do not say anything to him, or that have a musical style that he does not know very well, the suggestion is to find someone else. It should be made sure that the same frame of reference is shared. It is a question of liking each other, because the artist and the producer will spend many hours together.

How long can the production of an album take?

It all depends. Let's say that on average a producer will work three months full-time on an album, at a rate of 10 to 12 hours per day, six days per week.

What is the role of the studio in the production of an album?

The producer often chooses the studio. He wants to ensure himself of a certain output and available equipment. It is a question of atmosphere and space, good vibrations.

Who choses, hires, and pays the producer?

A new artist who has just signed with a company will suggest two or three names, but generally, it is the artist who has the last word, because the wages of the producer are proportional to the budget of the album, and it is he who is paid last. But there are also artists, especially at the beginning of their career, who will choose a producer who will establish their style.

What do you think of artists who produce their own albums?

An established artist can have a purer vision of what is wished, but is likely to be limited to record only one album every three or four years. There is also the risk of being under the microscope, where the artist, locked up in his bubble, can lose a global vision of his product. He needs an artistic director to obtain the opinion of an external ear.

--Questions asked by Sylvain-Claude Filion
Paroles et Musique
Octobre 1998, Vol.5, #9

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Légaré et Haworth: le show le plus drôle

Ou plutôt la glace était cassée. Pas celle de la patinoire de la place D'Youville, mais celle qui énervait tant Mario Légaré et Rick Haworth qui, pour la première fois de leur vie, montaient sur une scène en tant qu'artistes invités.

Aussi connus dans l'univers musical que Barabas dans la passion. Rick et Mario ne se souviennent pas d'avoir sauté un Festival d'été depuis au moins 25 ans! Sauf qu'ils ont l'habitude d'accompagner les autres en tant qu musiciens. Entre autres, les Michel Rivard, Daniel Bélanger et Kevin Parent, avec qui ils joueront pour le spectacle de clôture du Maurier.

Tour ça pour dire que, pour la toute première fois de leur vie et de leur carrière, Rick et Mario présentaient LEUR spectacle. Par sureroîl, ils ne se contentent pas de jouer, mais se permettent quelques chansons, toutes en anglais cependent. "Avec mon accent, je n'oserais jamais chanter en française," a dit Rick Haworth en entrevue, un peu plus d'une heure avant le spectacle.

Et à voir la réaction du public massé à Place Métro, hier soir, ils en on surpris plusieurs acev un spectacle éminemment sympathique et . . . drôle. Sans acun doute le show le plus drôle de tout le Festival d'été. Ils étaient tellement nerveux qu'une blague n'attendait pas l'autre entre les pièces, exactement comme s'ils étaient en train de répéter avec un gang de chums.

D'ailleurs, Haworth conflait avec humour que, jusqu'à maintenant, leur musique n'était qu'une affaire de garage. "C'est ça, Lance-t-il en riant, on va virer la place en sous-sol!" Et c'est practiquement ce qui s'est passé, tellement l'ambiance était à la détente à la spontanéité et au plaisir pur et simple.

Il ne faut toutefois pas négliger la performance musicale des deux comparses. S'ils ont un sens de l'humour hors du commun, Légaré, qui tient nerveusement sa basse, et Haworth à la guitare, slide et autres, ne rient plus aussitôt qu'ils commencent à toucher leurs cordes. s'il y en avait encore qui ne les connaissaient pas, ils ont découvert, à n'en pas douter, d'excellents musiciens.

Au programme, quelques-unes de leurs compositions, mais aussi des chansons très "roots" au dire de Rick, des chansons plutôt folk-rock comme River rat Jimmy, Riding with the king, de John Hiatt, Wake up Dolores, de Los Lobos, une chanson de Zachary Richard.

Avis aux interessés et aux couche-tard, le duo reprendra son spectacle dimanche soir, après le spectacle de clotûre avec Kevin Parent, vers 1h du matin, au Pub St-Alexandre.

Denise Martel
Le Journal de Québec
le vendredi 14 juillet 2000

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RICK HAWORTH-MARIO LÉGARÉ: À la bonne franquette des <<pros>>

Habitués des côtés et du fond de la scène, Rick Haworth et Mario Légaré trônaient en plein milieu, hier soir, sous les plus gros projecteurs. Ils n'ont pas fait de cérémonie pour autant. Et l'heure s'est évanouie, laissant tour leur monde sourire aux lèvres . . .

La proposition du guitariste et chanteur Haworth et du bassiste Légaré ne mise ni sur le spectaculaire, ni sur la mode. Les deux plait, puissant surtout dans le vaste répertoire folk, blues et country américain. Et le tout est présenté dans une atmosphère de soirée entre copains, un ingrédient très important de leur recette.

Le contact était franchement excellent avec la foule réunie à place D'Youville, ce qui était d'autant plus facile que la prestation était d'un très bon niveau. Les deux ont un parfait contrôle de la situation, même si une petite nervosité était quand méme apparente chez le bassiste lors de ses interventions au microphone.

Mais au fait, était-ce bien sa fête? Ce ne serait certes pas la moité des forces de ce tandem de s'amuser un peu. Mais pas au détriment de la musique cependent.

Au programme hier, du Bob Dylan, Zachary Richard, John Hiatt, Los Lobos, Taj Mahal et du . . . Britney Spears . . . qui n'est jamais venu!!! Disons--le sans détour, Haworth et Légaré ne jouent pas les sympathiques guillards, ils le sont.

Mais à travers les blagues qui fusent entre chaque pièce, le talent et la maîtrise demeurent là lorsqu'ils jouent, Rick Haworth a par ailleurs mis en valeur hier sa voix de chanteur pas vilaine du tout, Mario Légaré se limitant pour sa part à quelques voix de soutien.

Mais leur véritable terrain de jeu, c'est la guitare. Haworth peut tirer tout ce qu'il veut des guitares, mandolines, slide, etc. Ce n'est pas par hasard que son nom se retrouve sur les albums ou les affiches des spectacles de très nombreuses vedettes québécoises.

Dans le programme du Festival d'été, la liste rappelle notamment les Piché, Rivard, Bélanger, Parent et Lhasa de Sela. La feuille de route de Mario Légaré est peut-être moins chargée du côté des gros noms, mais le musicien est capable d'en prendre et d'en donner lorsqu'il attrape ses basses.

Le tandem Haworth-Légaré sera au Pub Saint-Alexandre dimanche soir pour aider ceux qui ne veulent pas voir le Festival se terminer, à repousser l'échéance le plus tard possible dans la nuit.

Pierre-Paul Noreau
Le Soleil
Le vendredi, 14 juillet 2000

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